dimanche 8 novembre 2020

Le Manoir aux Fleurs -02- Journée Délivrance

 

Au matin, Viviane venait à peine de finir son petit déjeuner que Marie frappait à la porte du mobil-home.

Entre ! Mais je ne suis pas encore prête !

Elle sortit de la salle d'eau nue sous sa serviette de bain.

Je m'habille et j'arrive !

Elle passa devant son amie qu'elle embrassa avant de rentrer dans la chambre pour passer une robe sans fermer la porte pour pouvoir l'entendre et lui répondre.

— J'ai prévu de t'emmener un ancien bois sacré avec quelques ruines intéressantes. Je crois que Chateaubriand venait y trouver l'inspiration pour rédiger ses "Mémoires d'Outre-Tombe".

— J'ai hâte de découvrir ce lieu, alors !

Marie put entrevoir les formes voluptueuses de son amie quand elle enfilait ses dessous. Elle en fut troublée mais ne dit rien quand Viviane sortit de la chambre vêtue d'une petite robe d'été qui tout en restant sage laissait suggérer un corps fait pour le plaisir.

Pense à prendre un maillot de bain, au retour nous ferons une pause près d'un petit étang discret ou nous pourrons nous baigner tranquillement loin des touristes.

OK ! Je prépare cela !

Après de longues minutes au milieu de la campagne, elle obliqua sur une petite route qui s'enfonçait dans un bois de chênes. Elles s'arrêtèrent au milieu de la forêt et l'historienne guida sa compagne sur le sentier qui les menait aux ruines. Elle découvrit un ensemble de murs, de colonnes en pierre de taille plus ou moins grosses.

D'après les archéologues, il s'agirait d'un sanctuaire néolithique transformé en temple par les romains puis qui est devenu un ermitage, abandonné pendant la Grande Peste qui a ravagé l'Europe au Moyen Age.

— Ce lieu est envoûtant, je comprends pourquoi on imagine Chateaubriand dans ces ruines. On a presque l'impression que l'on est en contact avec l'au-delà.

Viviane frissonna et se retourna.

— Qu'est-ce que tu as ?

— J'ai eu l'impression d'être caressée entre les cuisses.

— C'est le vent ! Rigola Marie. Il n'y a pas de fantôme ici !

— Oui ! Je sais bien mais j'ai l'impression d'être observée.

— Regarde tous les touristes qui traînent, ce n'est pas étonnant !

Elle s'approcha de son amie et elle lui posa une bise sur la joue et lui murmura à l'oreille :

— Deux jeunes femmes pas trop moches qui sont seules, ça ne laisse pas les hommes indifférents.

— Oui, tu as raison !

Malgré ces propos, elle était mal à l'aise. Elles poursuivirent leur visite, Marie expliquait l'histoire du site, les légendes qui l'accompagnaient. En particulier, celle que lui avait rapporté le Professeur, à certaine période de l'année, ce serait un point de passage entre les mondes. Si les rituels étaient respectés, des démons pouvaient passer et venir choisir des épouses parmi les femmes humaines pour se reproduire.

Elles finirent leur visite en prenant un repas frugal au restaurant qui jouxtait le monument puis elles se dirigèrent vers l'étang pour y passer une après-midi de farniente au soleil.

Seules au bord de l'eau, elles étaient allongées en maillot de bain et continuaient leur discussion, c'est la première fois qu'elles passaient autant de temps ensemble.

— Veux-tu que je mette de la crème dans le dos, tu es en train de rougir.

— Oui ! jJe te ferai de même ensuite.

Viviane se mit sur le ventre et de douces mains commencèrent à enduire son dos de crème. Elle ferma les yeux et ne dit rien quand Marie dénoua le haut de son maillot pour mieux couvrir la peau. Elle se détendait même si son esprit était toujours occupé par les fameuses conditions de son futur logeur. Elle sentit alors un baiser se poser au bas de sa colonne vertébrale. Elle se retourna.

— Que fais-tu ?

—Tu me plais et ta peau est si douce ! Je n'ai pas pu résister.

Elle n'était pourtant pas particulièrement attirée par les femmes mais le sourire éclairant le visage de Marie la convainquit de se laisser faire. Elle posa sa main sur sa cuisse et tendit ses lèvres vers le visage de son amie. Les deux femmes partagèrent un baiser passionné tandis que leurs mains commencèrent à explorer leur corps en manque de tendresse depuis trop longtemps. Elle souleva le bassin quand elle sentit son bas de maillot glisser sur ses cuisses et elle se retrouva nue. La bouche de Marie trouva rapidement le point qui faisait chavirer Viviane, après le rêve de la nuit, c'était la seconde fois qu'elle atteignait le septième ciel aujourd'hui. Cela ne lui était encore jamais arrivé. Elle reprit ses esprits et entreprit de rendre lui rendre la pareille. Guidée par son amante, elle trouva les bons gestes rapidement et au bout de quelques minutes, les deux femmes rassasiées se reposaient sur l'herbe.

La fin d'après-midi arrivant ensuite rapidement après d'autres moments d'intimité et de plaisir, elles finirent par se rhabiller pour rentrer.

— Tu as l'air songeuse ?

— Oui ! J'ai eu l'impression d'avoir été épiée toute la journée. A un moment quand nous faisions l'amour, j'ai eu l'impression qu'une ombre furtive nous regardait.

— Tu as trop lu de romans fantastiques.

— Non je t'assure, j'ai bien vu quelque chose s'approcher de nous mais disparaître quand j'ai levé les yeux.

— Sûrement l'excitation du moment. Cela faisait combien de temps que tu n'avais pas joui comme cela ?

Viviane rougit en baissant la tête.

— Trop longtemps !

— Je serai là quand tu voudras.

— Merci ! Mais même si ce fut agréable, il me manque quelque chose.

— Je le sais, ne t'inquiète pas. Pour moi aussi. Rien ne vaut un homme expérimenté ! lui répondit-elle en riant.

Elles arrivèrent au camping après s'être amusées à se raconter leurs diverses expériences amoureuses et les qualités et les défauts hommes quand ils faisaient l'amour et se moquer de ceux qui fiers de la taille de leur engin, ignoraient le mode d'emploi d'un corps féminin.

Le cœur battant, après cette journée passionnante et riche en émotions de toutes sortes, Viviane regagna son mobil home.

A l'intérieur, l'attendait une enveloppe posée sur la table. Une odeur la troubla car c'était la même que dans ses souvenir de son rendez-vous nocturne. De nombreuses questions l'assaillaient comment cette lettre s'était-elle retrouvée là ? Qui l'avait amené et comment était-il entré ? Etait-il encore présent ? La porte et les fenêtres étaient bien fermées quand elle était arrivée et il n'y avait aucune trace d'effraction.

Elle prit le pli, la matière était noble, le grain de l'enveloppe était agréable au toucher. Fébrilement, elle décacheta le sceau de cire rouge orné d'armoiries inconnue de Viviane. Elle était aussi excitée que lors de la réception de son courrier de validation de son agrégation. Ce soir-là, elle était tellement heureuse de sa réussite qu'elle n'avait pas hésité à profiter pleinement d'un coup d'un soir qui l'avait laissé sans voix au matin, ivre de plaisir. Elle se souvint alors que cet homme portait un parfum très proche de la fragrance de ce courrier. Un signe ?

Elle pouvait lire les phrases suivantes.

"Mademoiselle,

Après avoir réfléchi à votre demande, j'ai décidé d'y émettre un avis favorable.

Cela me permet de vous faire l'offre suivante que vous êtes libre de refuser mais sachez que tout acceptation ne pourra faire l'objet d'un retour en arrière sans conséquences importantes."

Viviane s'arrête un moment pour peser ces mots plein de double sens. Elle est troublée car cela lui rappelait le ton de son maître de chaire à l'Université. Elle reprit sa lecture.

"La proposition est la suivante : vous disposerez du logement de mon ancienne domestique qui comprend les pièces suivantes :

-une chambre,

-une cuisine,

-un petit salon,

-un petit cabinet de toilette, sur le palier accessible par la porte de service.

Par contre en échange de ce logement j'impose les choses suivantes de ma locataire :

-discrétion,

-aller et venue par la cour arrière en aucun cas par la porte principale,

-interdiction de recevoir sous aucun prétexte,

-interdiction d'user de la porte de service pour un autre motif que l'accès au cabinet de toilette,

-respect le plus strict de l'intimité du propriétaire,

-à cela il faudra ajouter quelques services rendus (courses, dépôt de courrier ...) compte tenu que vous rendrez en ville pour votre travail."

C'était la meilleure pensa Viviane.

— Voilà qu'il me prend pour une vulgaire femme de chambre et pourquoi pas sa soubrette tant qu'il y est, le vieux pervers. Je ne vais pas m'enfermer dans ce cloître tout de même, j'ai besoin de vivre !

En colère elle ne faillit pas lire le reste du courrier.

"Comprenant parfaitement que mes conditions peuvent être extrêmement sévères le montant du loyer sera fixé à…" Elle n'en crut pas ses yeux en lisant le montant et elle dut le relire plusieurs fois pour être certaine du chiffre. Ce loyer était bien en dessous des tarifs prohibitifs pratiqués dans la région.

"Cette offre vaut pour une semaine après quoi elle sera nulle et non avenue."

Elle posa la lettre et commença à réfléchir. Au vu de la somme, elle pouvait bien faire le sacrifice d'un peu de liberté et satisfaire aux exigences un peu surannées du Professeur. Il ne lui interdisait pas non plus de sortir et de vivre sa vie de jeune femme.

Elle décida donc d'accepter la proposition et se demanda comment le lui faire savoir. Répondre par courrier, message sur le répondeur. Qu'est ce qui froissera le moins la susceptibilité de son futur propriétaire ?

— Après tout, nous sommes au vingt et unième siècle et ce n'est pas par ce que ce Monsieur utilise du papier vélin et cachette ses enveloppes à la cire que je dois faire de même…

Elle prit la décision de laisser un message sur le répondeur du Professeur Van Dyck pour l'informer qu'elle acceptait toutes ses conditions.

mercredi 4 novembre 2020

La Pomme - Jade

 

 

Entre les flacons d'huiles relaxantes, la pomme se faisait discrète.

 

Simon entra dans la salle de massage en sortant du hammam. Il profitait de ses quelques jours de congés pour s'occuper de lui après une année éprouvante tant sur le plan du travail que sur le plan sentimental. Son amie venait de le quitter après plusieurs années de vie commune car elle ne supportait plus "son esprit torturé de surdoué" comme elle disait.

Il sourit à la jeune femme qui l'accueillait et l'invita à s'allonger sur la table de massage. Il appréciait le professionnalisme de ce centre de remise en forme. Tout était fait pour que les clients se sentent bien et le cadre en bord de mer n'était pas non plus pour lui déplaire.

Il retira son peignoir et s'allongea sur le ventre.

Jade prit s'enduit les mains d'huile et commença à masser la nuque de l'homme allongé. Ce n'était pas la première fois qu'elle s'occupait de lui et elle se demandait bien pourquoi il avait l'air si triste. Quand elle se promenait dans les couloirs de l'institut, elle le voyait toujours seul, plongé dans un livre où alors à dessiner des croquis sur un petit carnet. Elle n'avait pas osé l'aborder pour lui demander ce qu'il mettait en image.

Elle sentait l'homme se détendre sous ses doigts fins. Elle reprit de l'huile pour masser les épaules et les bras. Elle le vit sourire.

— Excusez-moi !

— Oui ! dit-elle.

— Est-ce bien une pomme qui se trouve derrière vos flacons ?

Intriguée, la jeune femme se demandait de quoi il parlait et vit alors la pomme.

— Euh ! Oui, ça en a l'air…

Elle se demandait bien d'où elle venait car le personnel avait interdiction d'apporter de quoi manger ou boire dans les cabines de massage. La direction était intraitable sur ce plan.

— Est-ce que vous pourriez me la donner, s'il vous plait ? Je vous en rendrai une.

Elle ne sut que répondre et voyant son trouble, Simon continua.

— Ce matin, je suis parti faire une balade en vélo et j'ai mis bien plus de temps que je ne pensais du coup, je n'ai pas été à l'heure pour le repas et je commence à avoir faim. Jade sourit et alla chercher la pomme qu'elle lui tendit. Au moment où il prit la pomme, les extrémités de leurs doigts se touchèrent et ils furent traversés par une ondes de désir. Ils se regardèrent troublés. Simon sourit et croqua dans le fruit. Jade le regardait mâcher et avaler la bouchée. Il lui proposa de goûter aussi et elle mordit à son tour. Instantanément, ils furent enveloppés par un parfum suave qui les enivrât.

Sans se poser de questions, Jade reprit le massage de Simon mais au lieu de s'arrêter au bas des reins, elle fit glisser le boxer de l'homme et lui massa les fesses. Ses mains douces appréciaient la fermeté de la musculature de l'homme. Elle descendit sur les cuisses et les mollets. L'homme fermait les yeux appréciant les gestes précis et décontractant qu'elle lui prodiguait. Il gémissait de bien-être et complètement détendu, il se retourna sur le dos.

Jade regardait la nudité de l'homme qui s'exposait devant elle. Elle ouvrit sa blouse, fit glisser sa culotte à ses pieds et monta sur la table pour chevaucher la virilité qui s'offrait à elle. Lentement elle descendit sur le ventre de Simon qui ne bougeait pas. Il la regardait faire, souriant en silence, l'invitant à s'empaler en profondeur. Le sexe entrait dans son ventre, il ne rencontrait pas de résistance. Quand ses fesses furent en contact avec ses cuisses à lui, elle entama un mouvement de va et vient sur la queue qui la pénétrait au plus profond de son être. Simon tendit les bras pour caresser la poitrine ferme qu'il avait devant les yeux. Les deux amants fermaient les yeux, perdus dans leur monde. Leurs soupirs emplissaient la pièce.

L'extase les prit en même temps et Jade s'allongea sur la poitrine de Simon qui referma ses bras sur son dos en un geste protecteur.

Simon venait de refermer le coffre de sa voiture pour quitter le centre quand Jade se présenta devant lui un sac de voyage à la main. Il lui ouvrit la portière et elle s'installa.

 

Sur une table de pique-nique de cet aire d'autoroute, les derniers feux du soleil couchant firent briller une pomme écarlate.