lundi 6 juillet 2020

La Confrérie d'Artémis : Changement


Les jours suivants, je me familiarisais avec le logiciel créé par Sixtine et je lui apprenais les ficelles du classement. J'organisais le déménagement de mes affaires et je mis ma maison en location saisonnière. Avec sa piscine et son emplacement, elle me rapportait une source de revenus non négligeable puisque nous étions logés et nourris gracieusement par la Fondation d'Artémis.
Je ne manquais pas de prendre régulièrement des nouvelles d'Anaïs et de Sandrine qui progressaient bien dans leur formation. 
Sandrine me racontait comment elle avait surmonté ses appréhensions et que maintenant elle faisait des merveilles. Je l'en félicitais et je lui rappelais que je n'avais jamais douté de ces capacités. 
Anaïs nous avait rejoints, car Anne-Françoise avait fini de la former. À son retour, elle fut ravie de travailler avec Damien à la numérisation des documents et à tenir la maison. Sa présence nous soulagea beaucoup, car le nombre de coffres à inventorier et archiver ne cessait de croître.
Nous venons de trouver notre rythme de croisière et ce week-end-là, je me préparais à accueillir Sandrine de retour de son stage. 
Je l'attendais à la gare et je vis une femme rayonnante descendre du train. Elle me rendit hommage comme il convient de le faire en présence de non-initiés puis nous avons pris le chemin du domaine de Montparcy.
J'avais hâte de découvrir les nouvelles connaissances de Sandrine, mais la route qui nous ramenait ne s'y prêtait pas.
Sixtine nous attendait assise dans le canapé. Damien lui massait les épaules. Anaïs se tenait debout à côté de lui.
— Sandrine, je suis ravie de te rencontrer.
— Merci Maîtresse, je suis honorée de faire votre connaissance.
— Pour célébrer nos retrouvailles, je désire que ce soir, il n'y ait ni Maîtres ni soumis, n'est-ce pas Olivier ?
— Un peu surpris, je ne pus que donner mon accord. 
— Alors ce soir, je désire que nous n'ayons aucun secret les uns pour les autres… Anaïs à toi de commencer, tu as le prénom qui commence par la première de l'alphabet. 
Anaïs se tordit les doigts, elle ne savait pas comment exprimer ce qu'elle voulait dire. Je le voyais bien. Elle se tourna vers Damien.
— Maîtresse, je laisse mon tour et je pense que c'est au tour de Damien… 
— Oui, dis-je. Damien exprime toi !
Damien prit la main d'Anaïs dans la sienne. Cela me rappela une scène quelques mois auparavant, je fus à peine surpris par ce que j'entendis. J'avais déjà vu leur rapprochement. 
— Maîtresse Sixtine, Maître Olivier, notre demande commune à Anaïs et moi, va peut-être vous surprendre, mais nous désirons nous marier…
Sixtine se raidit surprise. Elle était déroutée par cette demande qui lui semblait incongrue. Jamais elle n'aurait imaginé que Damien, son Damien, pût désirer vivre avec une autre. Je pris alors la parole. 
— Après Damien, il me semble que l'ordre alphabétique me désigne… 
Je fixai Anaïs et Damien l'un après longue en silence. J'entendais leur respiration ainsi que celle Sixtine qui se demandait ce que j'allais dire.
— Sandrine ! Je sais que ce stage t'a fait découvrir une facette de ta personnalité que tu ignorais. Je sais aussi pour en avoir longuement parlé avec toi que tu aspires à autre chose… Anaïs, je vois depuis quelques semaines comment tu es quand tu es en présence de Damien… Votre demande ne me surprend pas et elle est même logique… Sixtine, je crois que nous aussi, nous avons atteint un point de non-retour… Voici ce que je pense. Anaïs et Damien, profitez bien de votre vie commune… Sandrine, mes recherches m'ont permis de découvrir qu'il y a des siècles, dans la Confrérie, il existait une classe de femmes particulières. Elles étaient indépendantes, soumises et dominantes à la fois. Leur rôle était de découvrir les maîtres où les soumis potentiellement apte à être accueilli en notre sein. On les appelait des Éclaireuses… J'en ai parlé avec Robert de Montparcy et les membres du conseil. Ils sont d'accord pour recréer ce corps perdu… Sandrine, tu seras la première nouvelle Éclaireuse. Comme une nouvelle Ève.
Anaïs se blottissait dans les bras de Damien, Sandrine ne savait que dire. La plus interloquée était Sixtine. Je lui tends la main et je l'invitais à se lever. 
— Sixtine, veux-tu être ma femme ?
— Oui, dit-elle sèchement.
Sous le choc de l'émotion, elle avait répondu de cette manière pour ne pas montrer qu'elle était en train de perdre la maîtrise de ses moyens. Elle avait toujours été une femme maîtresse, contrôlant ses émotions, mais depuis quelque temps, je voyais bien qu'elle avait de plus en plus de mal à les gérer. Son aveu me permit de comprendre pourquoi. 
— À mon tour de parler… Damien et Anaïs, comme Olivier, je vous souhaite de trouver le bonheur dans votre couple à notre service… Sandrine, je suis sûre que cette nouvelle fonction te comblera au-delà de tes espérances… Et pour toi, Olivier, mon amour, j'accepte bien sûr ta demande et je l'accepte d'autant que je porte ton enfant, notre enfant… Je voulais attendre un peu avant de te le dire, mais je crois qu'il est temps.
À cette annonce, ce fut à mon tour d'être chamboulé, un enfant. J'allais être père alors que pendant toutes ces années je croyais être stérile, c'était cette découverte qui avait ruiné mon premier mariage. J'étais tellement convaincu de l'être que jamais je ne m'étais préoccupé de la contraception de mes compagnes plus ou moins éphémères.
Je pris Sixtine dans mes bras et l'enlaçai, je couvris son visage de baisers. Sandrine, Anaïs et Damien vinrent à leur tour nous enlacer. Nous formions une famille et nous étions tous heureux.

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