Les jours
suivants, je me familiarisais avec le logiciel créé par Sixtine et je lui
apprenais les ficelles du classement. J'organisais le déménagement de mes affaires
et je mis ma maison en location saisonnière. Avec sa piscine et son
emplacement, elle me rapportait une source de revenus non négligeable puisque
nous étions logés et nourris gracieusement par la Fondation d'Artémis.
Je ne manquais
pas de prendre régulièrement des nouvelles d'Anaïs et de Sandrine qui
progressaient bien dans leur formation.
Sandrine me
racontait comment elle avait surmonté ses appréhensions et que maintenant elle
faisait des merveilles. Je l'en félicitais et je lui rappelais que je n'avais
jamais douté de ces capacités.
Anaïs nous
avait rejoints, car Anne-Françoise avait fini de la former. À son retour, elle
fut ravie de travailler avec Damien à la numérisation des documents et à tenir
la maison. Sa présence nous soulagea beaucoup, car le nombre de coffres à
inventorier et archiver ne cessait de croître.
Nous venons de
trouver notre rythme de croisière et ce week-end-là, je me préparais à
accueillir Sandrine de retour de son stage.
Je l'attendais
à la gare et je vis une femme rayonnante descendre du train. Elle me rendit
hommage comme il convient de le faire en présence de non-initiés puis nous
avons pris le chemin du domaine de Montparcy.
J'avais hâte
de découvrir les nouvelles connaissances de Sandrine, mais la route qui nous
ramenait ne s'y prêtait pas.
Sixtine nous
attendait assise dans le canapé. Damien lui massait les épaules. Anaïs se
tenait debout à côté de lui.
— Sandrine, je suis ravie de te rencontrer.
— Merci Maîtresse, je suis honorée de faire votre connaissance.
— Pour célébrer nos retrouvailles, je désire que ce soir, il n'y ait ni
Maîtres ni soumis, n'est-ce pas Olivier ?
— Un peu
surpris, je ne pus que donner mon accord.
— Alors ce soir, je désire que nous n'ayons aucun secret les uns pour les
autres… Anaïs à toi de commencer, tu as le prénom qui commence par la première
de l'alphabet.
Anaïs se
tordit les doigts, elle ne savait pas comment exprimer ce qu'elle voulait dire.
Je le voyais bien. Elle se tourna vers Damien.
— Maîtresse, je laisse mon tour et je pense que c'est au tour de
Damien…
— Oui, dis-je. Damien exprime toi !
Damien prit la
main d'Anaïs dans la sienne. Cela me rappela une scène quelques mois
auparavant, je fus à peine surpris par ce que j'entendis. J'avais déjà vu leur
rapprochement.
— Maîtresse Sixtine, Maître Olivier, notre demande commune à Anaïs et moi,
va peut-être vous surprendre, mais nous désirons nous marier…
Sixtine se
raidit surprise. Elle était déroutée par cette demande qui lui semblait
incongrue. Jamais elle n'aurait imaginé que Damien, son Damien, pût désirer
vivre avec une autre. Je pris alors la parole.
— Après Damien, il me semble que l'ordre alphabétique me désigne…
Je fixai Anaïs
et Damien l'un après longue en silence. J'entendais leur respiration ainsi que
celle Sixtine qui se demandait ce que j'allais dire.
— Sandrine ! Je sais que ce stage t'a fait découvrir une facette de ta
personnalité que tu ignorais. Je sais aussi pour en avoir longuement parlé avec
toi que tu aspires à autre chose… Anaïs, je vois depuis quelques semaines
comment tu es quand tu es en présence de Damien… Votre demande ne me surprend
pas et elle est même logique… Sixtine, je crois que nous aussi, nous avons
atteint un point de non-retour… Voici ce que je pense. Anaïs et Damien,
profitez bien de votre vie commune… Sandrine, mes recherches m'ont permis de
découvrir qu'il y a des siècles, dans la Confrérie, il existait une classe de
femmes particulières. Elles étaient indépendantes, soumises et dominantes à la
fois. Leur rôle était de découvrir les maîtres où les soumis potentiellement
apte à être accueilli en notre sein. On les appelait des Éclaireuses… J'en ai
parlé avec Robert de Montparcy et les membres du conseil. Ils sont d'accord
pour recréer ce corps perdu… Sandrine, tu seras la première nouvelle Éclaireuse.
Comme une nouvelle Ève.
Anaïs se
blottissait dans les bras de Damien, Sandrine ne savait que dire. La plus
interloquée était Sixtine. Je lui tends la main et je l'invitais à se
lever.
— Sixtine, veux-tu être ma femme ?
— Oui, dit-elle sèchement.
Sous le choc
de l'émotion, elle avait répondu de cette manière pour ne pas montrer qu'elle
était en train de perdre la maîtrise de ses moyens. Elle avait toujours été une
femme maîtresse, contrôlant ses émotions, mais depuis quelque temps, je voyais
bien qu'elle avait de plus en plus de mal à les gérer. Son aveu me permit de
comprendre pourquoi.
— À mon tour de parler… Damien et Anaïs, comme Olivier, je vous souhaite de
trouver le bonheur dans votre couple à notre service… Sandrine, je suis sûre
que cette nouvelle fonction te comblera au-delà de tes espérances… Et pour toi,
Olivier, mon amour, j'accepte bien sûr ta demande et je l'accepte d'autant que
je porte ton enfant, notre enfant… Je voulais attendre un peu avant de te le
dire, mais je crois qu'il est temps.
À cette
annonce, ce fut à mon tour d'être chamboulé, un enfant. J'allais être père
alors que pendant toutes ces années je croyais être stérile, c'était cette
découverte qui avait ruiné mon premier mariage. J'étais tellement convaincu de
l'être que jamais je ne m'étais préoccupé de la contraception de mes compagnes
plus ou moins éphémères.
Je pris
Sixtine dans mes bras et l'enlaçai, je couvris son visage de baisers. Sandrine,
Anaïs et Damien vinrent à leur tour nous enlacer. Nous formions une famille et
nous étions tous heureux.
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