Lorsque Viviane eut déposé le panier au couvent, elle
prit le chemin du centre-ville afin de faire quelques courses pour remplir ses
placards en vue de la semaine qui l'attendait. Avec la rentrée, elle se doutait
qu'elle aurait peu de temps à elle et ne voulait pas être obligée de
s'inquiéter de ce qu'il lui restait à manger avant de rentrer dans son petit
appartement.
Sur le chemin du retour, elle appela Marie afin de
savoir si elles pouvaient se voir en fin d'après-midi pour profiter d'un
dernier verre en terrasse. Elle fut surprise de tomber sur son répondeur, même
si elle la savait moins matinale qu'elle, l'heure du déjeuner approchait. Au
cours de la journée après plusieurs tentatives infructueuses, elle décida de se
rendre chez elle afin de voir ce qui lui arrivait, ce n'était pas dans ses
habitudes de rester sans répondre, ne serait-ce que par un message écrit.
Arrivée devant chez Marie, un gros chat se frotta à sa
jambe et déguerpi aussi vite qu'il était venu. Un frisson parcourut son échine,
les yeux de cet animal lui rappelaient quelque chose d'indéfinissable. Haussant
les épaules, elle sonna à la porte. Son amie mit pas mal de temps à lui ouvrir
ce qui l'inquiéta un peu et ce ne fut pas la vision qu'elle lui offrait qui la
rassura. Elle lui semblait si vidée que son teint pourtant si radieux
d'ordinaire était livide et ce n'est n'était pas le long t-shirt blanc qui
recouvrait sa nudité qui arrangeait les choses. Elle s'inquiéta de suite.
— Tu vas bien ? Tu sembles malade, tu as des cernes
comme je ne t'en jamais vu. Tu as trop travaillé tes cours ou c'est ton emploi
du temps à venir qui te met dans cet état ?
— Non, t inquiète ! J'ai juste eu un peu la fièvre
pendant des heures cette nuit et elle m'a mise K.O.
Elle ne pouvait pas raconter sa nuit endiablée avec ce
démon.
— Je voulais te proposer de profiter une dernière fois
de la terrasse de notre café préféré sur le bord de mer, mais je pense que je
vais rester un peu avec toi.
— Oui, je ne suis pas en état de sortir là, de plus il
faudrait que je prenne une douche…
Ecoute ! Si tu le veux, je vais prendre de quoi passer
la nuit et mes affaires pour le lycée demain et je passe la soirée et la nuit
avec toi. Comme cela, si tu as besoin de quelque chose, je serai là et tu
pourras te reposer.
Marie accepta la proposition et lui dit que pendant
qu'elle retournait prendre ses effets au manoir, elle aurait le temps de se
remettre un peu. Elle se disait aussi qu'elle aurait le temps de remettre un
peu d'ordre dans la chambre qui gardait encore les traces de la nuit agitée.
En arrivant chez elle, Viviane eut la surprise de
trouver un petit paquet près de la porte de service. Elle soupira
intérieurement :
— Pffff ! Encore une course pour le vieux à faire...
Elle changea vite d'opinion lorsqu'elle lut le contenu
de l'enveloppe accompagnatrice.
"A l'attention de la gentille livreuse.
Madame,
Nous vous sommes reconnaissantes du joli bouquet issu
des serres du Comte que vous avez eu l'amabilité de venir nous déposer malgré
notre isolement. Cette fleur est comme un élixir de jouvence pour nos sœurs qui
ont fait le choix de se reclure pour mieux prier afin d'atteindre la communion
la plus parfaite avec notre créateur.
Veuillez accepter ce cadeau symbole de notre
communauté. Nous espérons qu'il vous plaira et que vous nous ferez la joie de
le portez. Il saura vous apporter une touche de sensualité supplémentaire."
Elle ouvrit le petit coffret et trouvé une petite
broche discrète mais ornée d'un saphir, rappelant ses yeux. Ravie, elle
l'accrocha de suite sur son chemisier et elle prépara rapidement un petit sac
avec ses affaires pour la nuit et sa tenue du lendemain pour la pré-rentrée.
Elle se souvenait des conseils de la directrice, une tenue stricte serait du
meilleur effet.
Marie ne put s'empêcher de reconnaître la broche et
esquissa un sourire discret. C'était le même insigne qu'elle avait en pendentif.
Elle le gardait pour les grandes occasions Elle s'abstint de tous commentaires
et elles profitèrent de la soirée au calme. Viviane en bonne garde-malade
confectionna un repas léger et lorsque les deux femmes allèrent se coucher
après s'être échangées un chaste baiser, elle fit les recommandations d'usage à
son amie qui s'endormit rapidement. Blotties sagement l'une contre l'autre,
aucune ne vit un chat se léchant les poils, éclairé par la Lune derrière la
fenêtre de la chambre.
— Humm ! Que de possibilités ! Mais je ne dois pas
désobéir au maitre
***
Au matin, Viviane enfila un pantalon et une veste de
tailleur noirs et se coiffa d'un chignon. Cette apparence austère la
vieillissait un peu mais lui permettrait peut-être d'avoir une certaine
crédibilité auprès de ses collègues plus expérimentés et des élèves les plus
âgés. Elle n'omit pas d'agrafer la broche au revers de la veste et c'est ainsi
que les deux amies se rendirent au lycée.
Éléonore les accueillit avec les autres professeurs et
elle aussi ne put s'empêcher de remarquer la broche en frémissant. L'ensemble
des professeurs se retrouva dans une grande salle où la directrice vêtue d'un
élégant tailleur leur fit comme chaque année, l'exposé des réformes qu'il
allait falloir appliquer et autres tracasserie administratives.
Elle présenta les nouveaux enseignants et Viviane
attira les regards de la gent masculine aussi bien que féminine enveloppée par
une douce et apaisante chaleur dont elle ignorait l'origine. Le nouveau
professeur de musique l'intrigua. En dépit son look un peu gothique très
sombre, il semblait capter la lumière environnante Gérald était grand et bien
charpenté. Elle serait toute petite dans ses bras.
— Mais pourquoi je pense à ça ? se dit-elle.
Imperceptiblement elle avait commencé à frotter ses
cuisses l'une contre l'autre tout en le regardant.
A la fin de la réunion où chacun essayait de
comprendre comment il pouvait échanger telle heure avec telle autre collègue
Madame Marchand invita l'assemblée à prendre une collation au réfectoire Elle
prit à part Viviane pour s'assurer que rien ne clochait pour elle et surtout
elle voulait être sûre d'avoir bien vu la broche.
— Tout va pour le mieux ma chère Viviane ?
— Oh oui Madame ! J'ai hâte d'être à demain et de
découvrir mes élèves.
— J'ai vu que vous aviez suivi mes recommandations
pour cette pré-rentrée. C'est bien mais puis je regarder le beau bijou qui
rehausse votre tailleur ?
— Mais certainement ! C'est un cadeau que l'on m'a
fait il y a peu.
— Cette fleur est très belle, dit Éléonore en passant
le doigt dessus et comme si cette dernière était douée d'une vie propre une
épine se dressa sur le passage du doigt l'égratignant un peu.
— Aie ! fit la directrice surprise constatant une
goutte de sang perlant sur son doigt qu'elle lécha.
— Je suis navrée madame je n'avais pas vu que cette
broche avait des aspérités.
— Ce n'est rien ! Ce n'est rien !
Les deux femmes rejoignirent leurs collègues déjà au
café, certains pestant, d'autres, tout sourire. Viviane se dit que pendant les
prochains jours madame la directrice allait devoir gérer les récriminations de
ses collègues.
A la fin de matinée, l'homme d'entretien vint la
trouver pour lui signaler une anomalie dans la chaufferie. Elle le suivit. Il
la précéda dans la salle du sous-sol et lui montra une grille descellée.
— Je ne comprends pas Madame ! J'ai encore tout vérifié
hier et cette grille était bien en place.
— Quelqu'un l'aura forcée ?
— Peut-être mais il n'y a eu aucune effraction, j'ai
juste trouvé cette fleur sur le sol. Je n'ai touché à rien, J'ai pensé que vous
voudriez signaler cette effraction à la police.
Elisabeth s'accroupit pour ramasser la fleur bleue.
Lorsqu'elle la prit entre ses doigts, elle se délita et tomba en poussière qui
les enveloppa. Sans s'en rendre compte, ils en respirèrent tous les deux et la
directrice sentit son doigt où elle s'était piquée avec la broche la démanger.
Elle le porta à sa bouche pour le lécher. Léonard la regardait faire les yeux
brillants. Il lui sourit et lui posa les mains sur les hanches pour l'amener
contre lui. Ils se regardèrent et leurs lèvres se soudèrent en un long baiser
gourmand.
Elle se laissait faire, depuis quelques jours, son
corps avait accumulé moult tensions et son addiction reprenait le dessus.
Lorsqu'il releva sa jupe pour lui caresser les fesses à peine protégées par une
culotte de dentelle fine, elle poussa un gémissement de contentement. Encouragé
par ce qu'il entendait, il entreprit de dégrafer le corsage de sa patronne.
Rapidement, il découvrit sa poitrine encore ferme et la massa doucement.
Excitée par les caresses de son employé, Elisabeth ouvrit le pantalon de
l'homme et en sortit le membre en érection. Elle s'accroupit devant lui et le
prit entre ses lèvres, avec gourmandise, elle le léchait, le gobait. Il lui
caressait les cheveux et pressait son visage contre son bas ventre. Il ne put
résister longtemps au savoir-faire de Madame Marchand et celle-ci reçut l'épaisse
liqueur crémeuse dans sa bouche. Elle le regarda en souriant et après avoir
avalé le liquide sans en perdre une goutte, elle se releva tout en continuant
de masser ce membre qui n'avait pas perdu de la vigueur. La poussière issue de
la pandora faisait son œuvre. Léonard était toujours aussi raide et il glissa
sans difficulté dans la fente trempée que lui présentait Elisabeth. Elle
s'était appuyée contre le mur à côté de la chaudière et lui offrait sa croupe
nue. Il allait et venait en elle avec des mouvements lents et profonds qui lui
tiraient des petits cris de plaisir. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait
pas été ainsi possédée. Elle aurait aimé que cela durât éternellement.
Il prenait son temps, appréciant la chaleur de la chatte de sa cheffe, depuis cet après-midi où elle avait malencontreusement laissé tomber son string non loin de lui, il ne rêvait que de ce moment. Il n'avait fait que l'imaginer sans penser une seule fois que cela se réaliserait. C'était sans compter sur ce pollen bleu, il se sentait coupable envers sa femme mais ce sentiment disparaissait au fur et à mesure que le plaisir montait en lui. Il inonda le sexe d'Elisabeth de sa semence au moment où celle-ci atteignait le paroxysme de la jouissance.
Ils reprenaient lentement leur souffle et leurs esprits quand ils réalisèrent ce qu'il venait de se passer. Il regarda sa directrice, affolé mais elle le rassura.
— Calmez-vous Léonard, ce qui vient de se passer n'est
pas de votre faute ! Ni de la mienne d'ailleurs, pensait-elle.
— Vous vous souvenez de cette fleur sur le sol ?
— Oui Madame !
— C'est le pollen de cette fleur qui
nous a mis dans cet état. Je pensais que tous les pieds avaient été détruits il
y a des années mais je me trompais.
— Qu'est-ce que c'est ?
— C'est la "Pandora", une fleur créée par un
esprit malin pour prendre de contrôle des hommes, enfin surtout des femmes par
leur plaisir. De cette manière, il pouvait leur faire accepter de porter son
enfant et celui de certains de ses comparses.
— C'est une légende ! Les esprits comme cela n'existent
que dans les contes de grands-mères.
— Vous êtes originaire des Antilles, n'est-ce pas ?
— Oui, mais quel rapport ?
— Que pensez-vous du vaudou ?
— Des superstitions de vieilles folles…
— En êtes-vous certain ? N'avez-vous pas remarqué que
cela fonctionne ?
Léonard resta pensif quelques instants, il devait bien
admettre que certaines fois il avait été témoin de phénomènes étranges pendant
son enfance et adolescence là-bas.
— Oui ! Vous avez peut-être raison, que devons-nous
faire ?
— Il faut inspecter tout le lycée et être sûr qu'aucune
autre fleur de pandora ne traîne… Imaginez que des élèves tombent sous son
emprise.
— Oui Madame je vais le faire de suite. J'y passerais
la nuit s'il le faut mais vous pouvez être certaine qu'il n'y aura pas de fleur
demain, au moment de la rentrée des élèves.
— Merci Léonard ! Lui dit-elle en
remettant sa culotte et rajustant sa jupe.
Son esprit fonctionnait à plein
régime.
Qui pouvait bien avoir des pandoras dans son jardin ou
plutôt dans une serre car la fragile fleur ne supporterait pas le climat local
? En connaissait-il les vertus et les dangers ? Elle devrait en référer aux
Veilleurs chargés de protéger l'humanité.
Ses pensées se dirigèrent vers le Comte Van Dyck mais
cela lui semblait très improbable, c'était un des meilleurs connaisseurs de
cette plante et il savait que s'il en faisait pousser, il risquait de rouvrir
le portail entre les mondes.
***
A l'autre bout de la ville, toujours assis devant sa cheminée,
le professeur Van Dyck souriait. Il venait de voir grâce à son petit espion la
scène qui s'était déroulée dans la chaufferie du lycée. Son plan pour reprendre
le contrôle de cette ville marchait à la perfection. Après les religieuses, il
infiltrait insidieusement les professeurs.
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