Dominique lisait ses dossiers dans cette salle
d'embarquement. Il partait pour deux semaines en Égypte afin de négocier divers
contrats avec des clients. Ses opérations à la limite de la légalité lui
permettaient de dégager des revenus substantiels et donc de se loger dans les
meilleurs hôtels du Caire.
Il vérifiait certaines données quand son regard fut
attiré par cette élégante jeune femme en tailleur-pantalon. Le contraste en ses
cheveux blonds et le noir de ses vêtements faisaient ressortir sa beauté et son
innocence. Il chercha à croiser son regard pour explorer ce qu'il pourrait lui
révéler d'elle et lorsqu'une fois assise dans ce salon, elle leva les yeux vers
lui, il lui sourit de cette façon particulière qu'il a de faire lorsqu'il sent
qu’une femme pourrait être disponible. Il ignorait si elle l'avait remarqué,
mais il se demandait ce que pouvait bien faire une aussi jolie femme prête à
embarquer en classe affaire sur un vol à destination du Caire, ce n'est pas le
pays le plus facile pour qu'une femme puisse parler business et les touristes
prennent rarement ce vol et voyagent en catégories inférieures.
Il replongea sur l'écran de son ordinateur et la
chassa brièvement de ses pensées, car pour le moment il avait d'autres
préoccupations, mais il se disait qu'il aimerait bien l'ajouter à son tableau
de chasse déjà bien fourni. Cela le changerait des filles écumant les boîtes de
nuit à la mode à la recherche d'un homme riche pour une nuit ou pour plus
longtemps. Elle ne serait pas la première à tomber ainsi entre ses griffes,
mais comment pourrait-il le faire pendant le peu de temps de ce vol et il
n'avait aucune certitude que Le Caire fut sa destination finale.
La voix de l'hôtesse s'éleva dans le salon demandant
aux passagers du vol en direction du Caire de se préparer à embarquer.
Dominique rangea son ordinateur et se leva pour rejoindre la porte. La jeune
femme installée à l'autre bout du salon était au téléphone avec un
correspondant inconnu, elle se mit en queue de file, elle aussi avait remarqué
cet homme au regard sombre et pénétrant. Elle avait été surprise par la
particularité de ses yeux. Ses pupilles à la couleur indéfinissable
dégageaient une brillance saisissante. Sans qu'elle ne comprît pourquoi,
lorsque ses yeux avaient croisé les siens, elle avait ressenti un picotement
sur sa peau.
Elle profitait des quelques minutes qui lui restaient
avant d'éteindre son téléphone pour appeler une dernière fois son mari et lui
parler de leur prochain week-end à son retour de voyage. Pour elle, c'était une
première, elle venait de décrocher ce poste de négociatrice et elle allait
rencontrer divers acteurs du tourisme pour négocier de gros contrat pour son
agence de voyages.
Quelle elle fut dans la cabine, l'hôtesse l'accompagna
à la place indiquée sur sa carte d'embarquement. À sa grande surprise, elle va
voyager à côté de l'homme dont le regard l'avait troublée dans la salle
d'attente. Celui-ci en parfait gentleman se leva et lui proposa de monter son
bagage dans le coffre destiné à le recevoir.
— Je vous remercie, vous
êtes bien aimable, mais puis je abuser encore une fois de votre gentillesse ?
— Dites-moi ! et je verrais bien, lui dit-il en
souriant.
— Mon assistante m'a réservé une place le long du
couloir, je préfère être près du hublot, cela vous gêne-t-il de changer ?
— Je ne peux rien refuser à une jolie femme telle que
vous qui me demande cela si gentiment, bien sûr ! Installez-vous !
Il s'écarta un peu et la laissa se glisser entre les
sièges. Il constata non sans plaisir que le pantalon de la jeune femme moulait
une paire de fesses qu'il devait être agréable de caresser. Son mari a bien de
la chance, pensa-t-il. Cette vision aiguisa encore plus ses sens de chasseur de
femmes et quand elle passa devant lui en le frôlant. Ses fesses à la hauteur de
son visage, iI pouvait sentir le parfum particulier qui se dégage d'un corps
sexuellement sensible. Ces informations renforçaient sa détermination à la
séduire. La chance était avec lui, il allait avoir plus de quatre heures pour
réussir à apprivoiser cette proie.
Comme à son habitude, il ne brusquait pas les choses,
il attendit qu'elle eût fini de s'installer et il se présenta.
— Dominique, je suis ravi d'être votre voisin pendant
ce vol.
— Viannette, enchantée…
— Un voyage d'affaires comme moi ? Il savait qu'il
avait peu de chance de se tromper, car il avait repéré l'alliance sur
l'annulaire de la jeune femme, une vacancière serait partie accompagnée.
— Oui… et une première pour moi, je ne connais pas ce
pays, mais par chance, je connais bien les personnes que je dois rencontrer là-bas.
— Tant mieux pour vous, car ce n'est pas un pays
réputé facile pour négocier quand on est une… Il laissa la fin de sa phrase en
suspens afin de voir comment elle allait réagir.
— Une femme ! Oui je le sais, mais mon patron m'a bien
préparé et mes dossiers sont solides, donc je suis assez confiante.
Il réalisa qu'elle était décidément très surprenante
et qu'elle avait une personnalité bien trempée. Son challenge devenait de plus
en plus intéressant. Elle rassemblait toutes les qualités des femmes qu'il
recherchait.
Pendant la suite du vol, il continua à affiner
l’exploration de sa proie. Il réussit à lui faire parler d'elle, de sa vie de
famille tout en restant évasif sur sa propre vie. Elle lui raconte son enfance
dans une famille aisée aristocratique, une éducation empreinte de rigorisme et
d’interdits. Elle avait fait sa scolarité dans un internat de jeunes filles et
ses études supérieures dans une grande école de commerce qui lui avait permis à
vingt-cinq ans de trouver ce poste dans cette grande entreprise. Au cours de sa
dernière année, ses parents avaient organisé une garden-party à laquelle il
avait convié sa future belle-famille. Elle avait pu au cours de cette journée
discuter avec celui qui était maintenant son mari, et quelques semaines plus
tard, ils se fiancèrent en bonne et due forme avant de se marier à l’été
suivant et de recevoir en guise de cadeau de mariage, la maison où elle vivait
avec son mari et ses enfants.
Il l’écoutait et discrètement, il orientait la
conversation vers sa vie intime. Elle lui parlait sans fard, comme si elle se
libérait d’un fardeau quand elle lui avoua que depuis la naissance de leur
petit dernier, ils n’avaient plus fait l’amour. Elle s'étonnait de la facilité
avec laquelle elle se livrait ainsi à un inconnu. Elle se sentait comme aspirée
par le regard de cet homme, par son assurance et l'attention qu'il lui accordait.
Sa voix vibrante et douce l'invitait à lâcher prise et à s'abandonner à la confidence.
— Oh certes, nous avons des gestes de tendresses, mais
rien de plus…
— Et vous êtes certaine qu’il ne va pas satisfaire ses
envies ailleurs ?
— Je le pense honnête et fidèle, mais vous savez ce
que l’on dit, la personne trompée est la dernière au courant… dit-elle en
riant.
Il rit de bon cœur avec elle. Comme il l’avait amené à
se laisser découvrir mentalement il la sentait prête à accepter une autre forme
de rapprochement. Il osa poser une main sur le genou de la jeune femme qui ne
le repoussa pas. Toujours prudent, il retira sa main sans chercher à savoir
s’il pouvait aller plus loin. Mais la simple acceptation de sa main sur son
genou lui prouvait qu’elle n’était pas fermée à un contact physique.
Toutes ces informations ne tombaient pas dans
l'oreille d'un sourd. Il comprit rapidement que son retour sur investissement
serait profitable, il devait réussir à la prendre dans sa toile. Quand il la
vit commencer à somnoler après le déjeuner, il la laissa s’endormir. Il pouvait
observer du coin de l’œil le galbe de sa poitrine qui se dessinait dans
l’encolure du chemisier. À la pâleur de sa peau en ce début d’automne, il était
évident que Viannette n’était pas une adepte du topless sur la plage. Il se
plongea dans le roman qu’il avait acheté avant de partir. Un de ces romans à la
mode que les femmes lisaient pour s’émoustiller en imaginant être à la place de
l’héroïne. Pour lui grand libertin devant l’éternel, ces histoires le faisaient
sourire, mais tout le monde n’a pas le courage de vivre ses fantasmes. De temps
à autre, il jetait un œil sur sa voisine, écoutant sa lente respiration de
femme endormie qui parfois poussait de petits gémissements dans son sommeil.
— Excusez-moi ! Je suis une bien mauvaise compagne de
voyage, je crois que je me suis endormie…
— Ce n’est rien, j’avais emmené de quoi m’occuper,
j’ai lu…
Il la vit rougir quand il lui montra sa lecture.
— Vous connaissez ?
— J'en ai entendu parler par mes amies, mais je n’ai
jamais osé l’acheter…
— Je peux vous le prêter si vous voulez, vous me le
rendrez avant de rentrer. Il se lit vite, vous voyez, je l’ai presque fini.
— Je ne pourrais pas vous le rendre… nous ne
rentrerons pas par le même vol…
— Ce n’est rien, vous n’aurez qu’à le déposer à la
réception du Sheraton…
— Quelle coïncidence, c’est aussi mon hôtel !
— Alors vous voyez, vous pouvez me l’emprunter sans
problème…
Elle lui sourit en prenant le livre qu’il lui tendait
au moment où on leur demandait d’attacher leur ceinture pour se préparer à
l’atterrissage.
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