Le soleil pointe au travers des persiennes et
vient chatouiller le visage d'Aline, qui grimace en se réveillant. Elle a passé
une nuit étrange. Elle se réveille couverte de sueur, pourtant il ne fait pas
si chaud que cela en ce début de printemps.
Elle respire profondément l'odeur suave de la
plante qui est à côté de son lit. Elle la regarde en essayant de comprendre si
les évènements de la nuit furent un rêve ou une réalité. Rien ne semble être
différent de la veille pourtant. Les feuilles d'un vert intense sont toujours
aussi brillantes avec leur couche de cire comme en ont beaucoup de végétaux de
milieu semi-désertique. Les nouvelles inflorescences qui se sont développées
depuis quelques jours sont toujours aussi mystérieuses. Elle remarque malgré
tout que l'une des fleurs qui était à peine ouverte la veille au soir est
fanée.
Elle se redresse dans son lit et réalise soudain
qu'elle est nue sous le long t-shirt Minnie qu'elle porte pour dormir quand
elle est seule. Elle ne comprend pas bien car n'arrive pas à s'endormir les
fesses nues.
— Se pourrait-il que ce rêve ne soit pas un rêve
? pense-t-elle.
Elle ressent alors diverses douleurs dans les
poignets, ses chevilles et surtout entre ses cuisses. Son corps qui se réveille
lui fait prendre conscience que ce ne fut pas un rêve mais bien un cauchemar.
Elle surgit alors de son lit, décidée à jeter la
plante par la fenêtre de son appartement, mais plus elle s'approche du pot et
plus son désir de la jeter diminue. Elle ne peut s'empêcher de caresser les
feuilles et l'extrémité d'une liane de forme phallique.
Arrivée dans la cuisine, elle met en route la cafetière
machinalement comme elle le fait tous les matins avant d'aller prendre sa
douche.
Alors qu'elle va se glisser sous la douche, elle
aperçoit avec effroi que son corps est couvert de griffures, en particulier sur
sa poitrine, sur le haut des cuisses et le bas du ventre.
Ce qui ne semblait qu'un rêve devient alors
subitement la réalité. Elle sort nue brutalement hors de la salle de bain, bien
décidée à se débarrasser de cette plante maudite. Mais de nouveau alors qu'elle
s'approche de l'objet de sa haine, sa détermination s'émousse et au contact du
parfum végétal, elle commence à caresser le feuillage et découvre sous une
feuille une protubérance. Elle s'accroupit pour mieux l'observer. La tige est
luisante, recouverte d'une sorte de mucus brillant. Elle ne peut s'empêcher de
toucher du doigt la substance visqueuse et porte son doigt à sa bouche. Le goût
acre mais sucré la trouble et sans comprendre pourquoi, elle se penche sur la
tige pour la lécher. Elle commence du bout de la langue puis ne trouvant pas la
sensation si désagréable que cela, elle s'agenouille devant la plante et tenant
la tige entre ses doigts, elle se met à sucer le suc qui recouvre l'extrémité.
Après quelques minutes, le bout de la liane est complètement nettoyé du jus qui
la recouvrait mais Aline en veut encore plus. Elle prend alors la tige entre
ses lèvres et se met à téter et à masser la plante, comme hypnotisée, elle
cherche à avaler le plus possible la liane. Rapidement, la plante réagit et
libère un flot de sève dans la bouche de la jeune femme qui déguste ce nectar
dans un état second, en ayant oublié le café qui passait dans la cuisine.
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